Nathalie Valentine Legros a publié sa première nouvelle, Retour à Piton Sainte-Kloé, dans Kanyar n°4, puis Le baptême marron, dans Kanyar n°5 et Le démêloir dans Kanyar n°6. Par ailleurs, elle a publié Le troisième œil dans le recueil collectif Les mots d’une île à l’autre (UDIR, 2018). Elle est journaliste, impliquée dans le milieu culturel et artistique de l’océan Indien. Elle a publié Madoré, pas besoin croire moin lé mort (Éditions Réunion, 1990), une biographie du dernier chanteur de rue réunionnais, Henri Madoré. Elle est co-auteur du documentaire Henri Madoré (ANAA Productions & RFO, 2002). En 2012, elle a fondé, avec Geoffroy Géraud Legros, le site 7 Lames la mer qui traite des réalités émergentes des mondes créoles de La Réunion, de l’océan Indien et d’ailleurs.
"Jakarta sait des choses : il a la gueule d'un lendemain de cyclone."
Retour à Piton Sainte-Kloé de Nathalie Valentine Legros.
Kanyar n°4. C’est au début du siècle dernier, aux temps des bertelles et chapeaux de paille ; c’est un conte où Blanche-Neige est noire et Parfait, blanc, n’est pas un prince c’est sûr, la marâtre n’a pas de miroir mais elle s’appelle Miranda. Et les nains ont des noms composés de noms géographiques juste un peu déformés par la langue créole. C’est une histoire d’ailleurs de prénoms et de patronymes. Car Parfait est parti de Piton Sainte-Kloé pour déclarer la naissance de sa fille mais comment retenir sept lettres même si on connaît son alphabet et qu’on sait compter ? C’est un conte où la numérologie et l’abécédaire jouent un rôle poétique et énigmatique, où flotte un mystère autour des naissances et où le silence protège les secrets. Nathalie Valentine Legros lui imprime un air alerte de chanson comme celle des sept nains ou comme celle d’un certain TiDoré, alias Madoré, chanteur des rues de la Réunion. Agnès Antoir |
" Un sein comme celui-là est capable d'étouffer les plus grandes révoltes."
Le Baptème marron de Nathalie Valentine Legros.
Kanyar n°5. C’est l’histoire d’un baptême en cachette, celui d’un gros bébé braillard qu’Édalise-La-Madone extrait, caché sous ses vêtements noirs, de la 404 bringuebalante arrivée en trombe sur le parvis de l’église de Saint-Klément. Pour savoir pourquoi cette équipée familiale débarque ainsi, épuisée, suffoquant de chaleur, les habits en pagaille et couverte de poussière, implorant le curé éberlué et le sommant de procéder sur le champ au baptême de l’enfant, il vous faudra d’abord assister à la veillée funèbre pour maman Kolonia. Car l’enfant, « La Môme », a choisi pour naître ce moment solennel où sont réunis les descendants, les proches et connaissances de la famille du vieux Voltère décédé. Le lecteur perdu dans ce désordre familial, pourra alors dénouer l’écheveau compliqué des relations entre les membres de cette tribu aux noms poétiques et savoureux. Finalement le titre s’éclairera. Comme dans sa nouvelle précédente, Nathalie Legros nous entraîne, sur un rythme alerte et gai, dans des événements essentiels de la vie quotidienne de la Réunion encore familiale de la mi-temps du XXe siècle dont elle évoque par petites touches les traditions. Elle a l’art de camper en quelques détails baroques, dans une langue pimentée de mots créoles et de trouvailles métaphoriques, avec références aux contes populaires, une série de personnages originaux et loufoques qui investissent des scènes pleines de tendre drôlerie. Agnès Antoir |