Matthieu Périssé a publié les nouvelles Les pivoines dans Kanyar n°2, Fitore dans Kanyar n°3, Ézéchiel dans Kanyar n°4 et L’accidenteur dans Kanyar n°6. Ingénieur de formation, il a chroniqué huit ans d’expatriation en République démocratique du Congo, en Éthiopie, en Albanie et au Cambodge sur le blog levastemonde.org. Il a écrit un roman non publié autour de son expérience congolaise et travaille actuellement à une nouvelle histoire.
" L'histoire continue d'advenir autour de leurs deux corps allongés mais il n'entend pas son fracas dément."
Les pivoines de Matthieu Périssé.
Kanyar n°2. Roland est désormais un vieux monsieur qui vit solitaire depuis soixante ans dans une petite maison dont le jardin est devenu son chef-d’œuvre. Il soigne particulièrement ses pivoines pour lesquelles il a des attentions d’amoureux. Mais un cauchemar le hante, qui ouvre la nouvelle, celui du débarquement du 15 août sur la côte méditerranéenne où son ami Auguste est mort en le sauvant. Son jardin d’ailleurs est bien plus qu’une simple passion de jardinier… Dans cette nouvelle à la limite du fantastique, Matthieu Périssé a l’art de superposer l’évocation terrible du champ de bataille et celle apaisante, pleine de couleurs et d’harmonie du jardin, le pourpre des pivoines servant de fil conducteur dans une sorte d’anthropomorphisme. Une vision impressionniste et poétique. Agnès Antoir |
" Les secondes passaient, suspendues à cet étrange équilibre."
Fitore de Matthieu Périssé.
Kanyar n°3. Cela se passe à Tirana, de part et d’autre de la porte à gros barreaux de fer, où se joue chaque nuit la confrontation hallucinante d’un vagabond et d’un molosse effrayant. Sorte de rituel mystérieux qui intrigue le narrateur. Matthieu Périssé, de son écriture acérée, explore un autre aspect de la proximité de l’homme avec la nature : après les fleurs dans Les Pivoines (Kanyar n°2), la bête, chien de garde terrifiant. Liens de lutte ou de complicité ? La réponse - ambiguë - est donnée par le titre Fitore dont on découvre le sens à la fin de la nouvelle. Agnès Antoir |
" C'est l'instant d'avant, l'autre est encore dans sa tanière, une seconde n'est encore qu'une seconde."
Ézéchiel de Matthieu Périssé.
Kanyar n°4. Quand un gamin congolais de la banlieue de Kinshasa rêve de devenir boxeur, il pense à son idole, le grand Muhammad, et dialogue en secret avec lui ; ça compense les déconvenues des combats perdus, les sermons de son entraîneur et les sourires de pitié de sa sœur. Et le champion à quoi pense-t-il quand il s’apprête à entrer sur le ring ? Il pense à ce jeune effronté au visage sérieux qui a deviné sa peur. Dans la chaude moiteur de la nuit congolaise, ignorant les disparus du régime de Mobutu, la foule crie sa passion. Le petit Ézéchiel peut-il être à la hauteur de son modèle ? Deux destins qui se croisent dans une construction alternée, deux monologues intérieurs sur deux modes, deux personnages aux noms de prophètes et leurs entraîneurs aux noms d’anges et de saints, pour évoquer avec grâce et concision la religion du sport, la fragilité des héros et l’ambiance de Kinshasa. Agnès Antoir |