Marie-Jeanne Bourdon est professeure d’espagnol. Elle a publié les nouvelles Lou dans Kanyar n°2 et Delonix regia dans Kanyar n°3. Elle a publié une nouvelle, La houle, dans le recueil collectif intitulé Leitmotive, opus 1 (Jacques Flament, 2011) et a traduit la nouvelle El fumigador de Pilar Adón dans Kanyar n°2. |
" Les chiens du voisinage, amnésiques, nous reniflaient comme des inconnues. "
LOU de Marie-Jeanne Bourdon.
Kanyar n°2. Lou est mystérieuse. Elle vit au bord d’une plage de sable noir à La Réunion, dans une famille aimante de gens travailleurs, aux côtés d’une sœur complice avec qui elle partage ses émois de jeune fille et les plaisirs simples d’une vie proche de la nature. Pourtant, parfois la rage l’étreint, une impatience indéfinissable la saisit que ne comprend pas sa sœur. Ces moments fugaces de bonheur passés ensemble et ces crises soudaines s’imposent, comme encore présents, à la narratrice qui essaie en rassemblant ces bribes de souvenirs d’entre-voir le mal être qui a précédé la disparition de sa sœur. Un court récit au caractère elliptique et allusif qui, comme dans un collage, restitue l’ambiance d’un petit village côtier de La Réunion. Agnès Antoir |
" Les liens et les pensées, l'enserrent comme la végétation débordante et menaçante autour de l'esclave marron, entravant sa fuite tout en le protégeant."
DELONIX REGIA de Marie-Jeanne Bourdon.
Kanyar n°3. Dans une chambre d’hôpital à La Réunion, l’aube pointe et Joseph, soixante-quinze ans, agonisant, fait le compte de ses souffrances et de ses bonheurs. Car, il faut savoir faire le bilan pour être en paix avec soi-même. Parmi ses bonheurs, dans la cour, la présence du flamboyant : le Delonix regia. Ainsi à travers la transparence de la fenêtre et les ramures de l’arbre, le vieil homme remonte dans les entrelacs de sa mémoire, fait le bilan d’une existence ordinaire, s’interroge sur les liens familiaux, le rôle de père surtout. Il faut savoir quitter la vie et la famille aimante, comme le flamboyant à la floraison éphémère, voilà finalement le message apaisant qui s’impose. Comme dans Lou (Kanyar n°2), Marie-Jeanne Bourdon aborde avec finesse le sujet de la mort qui bouscule la famille, et s’interroge sur son sens sans en appuyer trop le caractère sérieux. Elle sait en effet alterner l’expression de sentiments graves et la légèreté des notations poétiques sur la nature et les hommes de La Réunion. Agnès Antoir |