Jean-Christophe Dalléry, dit Hobopok, a créé la maquette de la revue Kanyar et a publié les nouvelles Borussia Daressalam dans Kanyar n°2 et Rififi sur le Rufiji dans Kanyar n°5. Il est journaliste, auteur de bande dessinée et graphiste. Il a tenu le fameux et exigeant blog Hobopok Dimanche. Il a collaboré à la revue réunionnaise Le Cri du Margouillat et a publié aux éditions Centre du Monde un recueil de bandes dessinées humoristiques intitulé Le temps béni des colonies (première édition en 1998, réédité en 2012 dans une version redessinée, augmentée, avec une préface d’Éric Chevillard). Il est le co-traducteur de la BD Rats et chiens de Conrad Botes (Cornélius, 2009).
" Il a commencé à attraper des bocaux de rollmops et à les jeter à travers la boutique, tout en ne trouvant rien de très gentil à dire sur la maman du prophète, ni d'ailleurs, touchant oecuménisme sur celle de Jésus-Christ."
Borussia Daressalam de Jean-Christophe Dalléry.
Kanyar n°2. Comment faire la nouvelle la plus drôle et réjouissante qui soit avec une histoire de compétition de football entre Dar es Salam et Mombasa ? C’est ce qu’a réussi avec une verve pétillante et une ironie piquante, Jean-Christophe Dallery, alias Hobopok, jusqu’alors connu des bédéistes pour son provocant Le temps béni des Colonies. Car cet événement se passe justement aux temps des colonies, à la veille de la déclaration de la première guerre mondiale et le « Borussia », l’équipe de la troupe coloniale allemande de Tanzanie doit affronter le Monbasa United, l’équipe des militaires anglais du Kenya. Ce match est donc d’une importance capitale. Hélas non seulement les précieux ballons commandés par le boutiquier Malik sont inappropriés mais il faut trouver d’urgence un joueur pour remplacer Klaus. C’est Wilhelm, un askari, Africain maréchal-des-logis-chef, plus allemand que les Allemands qui va assurer fièrement le remplacement. De péripéties en rebondissements cocasses, avec toujours le contrepoint précis de l’Histoire et le réalisme comique de la vie quotidienne de la colonie, dans un foisonnement jubilatoire de patronymes et toponymes, le récit de Jean-Christophe Dalléry nous achemine vers un dénouement qui fait dire à l’auteur, parodiant une célèbre personnalité, qu’ainsi : « l’homme africain allait enfin entrer dans l’Histoire. » Agnès Antoir |
" Quel était donc ce sortilège africain qui poussait les poissons à voler dans les airs et les poulets à plonger dans la mer ? "
Rififi sur le rufiji de Jean-Christophe Dalléry.
Kanyar n°5. Quand on entame la lecture de Rififi sur le Rufiji, on s’attend à un récit cocasse d’anthropophagie. Or, nous voici très vite plongés dans la suite de la réjouissante nouvelle Borussia Daressalam parue dans Kanyar 2. La guerre de 14 a été déclarée et les colonies d’Afrique orientale en vivent les échos lointains. Le point de vue est celui des Allemands installés en Tanzanie, qui entretiennent une sorte de statu quo avec les Anglais, au Kenya. Ceux-ci, après quelques tentatives infructueuses d’attaques avec leur troupes indiennes, ne peuvent progresser sans éliminer le redoutable croiseur allemand le Königsberg. Rififi sur le Rufiji est l’histoire de ce Königsberg qui joue à cache-cache, entre Zanzibar et Madagascar, avec la flottille de la Royal Navy et va trouver refuge à l’embouchure du Rufiji. Or tandis que le gouverneur Schnee à Daressalam veut surtout éloigner le croiseur pour éviter les hostilités, Lettow-Vorbeck, colonel belliqueux, a pour obsession de rétablir le contact. La pirogue d’un pêcheur wakhutu va assurer la liaison entre le bateau et la capitale tanzanienne : à son bord, les deux héros branquignoles du Borussia, l’askari Whilhem qui rêve d’Allemagne et l’Allemand Karl-Heinz, obligé de se grimer en Africain.. Le narrateur nous balade de la pirogue au bureau du gouverneur à Daressalam et du croiseur Königsberg pris dans la mangrove à la pirogue. D’un point de vue à l’autre, des rêves d’un personnage aux secrets de l’autre, ainsi s’écrit peu à peu cet épisode maritime méconnu où les questions de technologies et de cuisine l’emportent sur les préoccupations guerrières. Comme dans sa nouvelle précédente, le facétieux auteur Jean-Christophe Dalléry, alias Hobopok en auteur de BD, nous entraîne dans une histoire abracadabrante alliant réalisme et ironie mordante, s’amusant des noms propres et jouant parfois avec les personnages de sa BD, « Le temps béni des colonies ». Agnès Antoir |