Emmanuel Genvrin a publié Tulé ! Tulé ! dans Kanyar n°1, La terrible madame Alloume dans Kanyar n°2, Motor Gasy dans Kanyar n°3, Tropic Salomé dans Kanyar n°4, Gran marché dans Kanyar n°5 et L’enterrement de Jacques dans Kanyar n°6.
Il est le fondateur du Théâtre Vollard à l’île de La Réunion. Metteur en scène et dramaturge, il est l’auteur d’une vingtaine de pièces de théâtre dont Nina Ségamour (1986), Marie Dessembre (1987), Run Rock (1988), Étuves (1989) parues aux éditions Théâtre Vollard, Votez Ubu Colonial (1994) et Lepervenche (1996) aux éditions Grand Océan, Baudelaire au paradis (1998) et Séga Tremblad (2000) aux éditions L’Harmattan. Noéla et sept pièces de théâtre pour marmailles, édition bilingue créole-français, rassemble ses pièces pour enfants (avec celles de Pierre-Louis Rivière), aux éditions Orphie (2018). Il a écrit trois opéras avec le compositeur Jean-Luc Trulès : Maraina (2005), Chin (2010), Fridom (2013). Pour Kanyar, il se lance dans l’écriture de nouvelles. Deux romans Rock Sakay (2016) et Sabena (2019) ont paru chez Gallimard dans la collection Continents noirs.
Il est le fondateur du Théâtre Vollard à l’île de La Réunion. Metteur en scène et dramaturge, il est l’auteur d’une vingtaine de pièces de théâtre dont Nina Ségamour (1986), Marie Dessembre (1987), Run Rock (1988), Étuves (1989) parues aux éditions Théâtre Vollard, Votez Ubu Colonial (1994) et Lepervenche (1996) aux éditions Grand Océan, Baudelaire au paradis (1998) et Séga Tremblad (2000) aux éditions L’Harmattan. Noéla et sept pièces de théâtre pour marmailles, édition bilingue créole-français, rassemble ses pièces pour enfants (avec celles de Pierre-Louis Rivière), aux éditions Orphie (2018). Il a écrit trois opéras avec le compositeur Jean-Luc Trulès : Maraina (2005), Chin (2010), Fridom (2013). Pour Kanyar, il se lance dans l’écriture de nouvelles. Deux romans Rock Sakay (2016) et Sabena (2019) ont paru chez Gallimard dans la collection Continents noirs.
" Jen-Christian s'affala sur un bac à fleurs sans fleurs, devant un parc sans pelouse et des rues sans trottoir."
Tulé ! Tulé ! de Emmanuel Genvrin.
Kanyar n°1. « Tulé », c’est le surnom - « nom de guerre » aux accents malgaches - d’un kanyar du Chaudron, « quartier sensible » de Saint-Denis de La Réunion. Pour les réinsérer lui et ses copains cafres désœuvrés, un duo improbable de travailleurs sociaux a l’idée, avec la bénédiction de la mairie, de les emmener dans un village perdu du Sud de la Grande île. Désabusé et sans espoir d’avenir dans une Réunion qui l’exclut, Tulé décide de tenter le voyage au pays de ses ancêtres. Y retrouvera-t-il les rêves de sa chère grand-mère ? Emmanuel Genvrin, auteur et metteur en scène prolifique à l’île de La Réunion, passe pour la première fois à l’écriture de nouvelles. S’inspirant d’une histoire vraie, il brosse, d’une écriture alerte et humoristique, un tableau incisif des rapports du politique aux jeunes des quartiers et évoque à travers leurs yeux la découverte du Sud malgache, avec en filigrane la mythologie du retour au paradis perdu des origines. Agnès Antoir |
" Au début René filait à toute berzingue, Mim accrochée à son blouson."
La terrible madame Alloume de Emmanuel Genvrin.
Kanyar n°2. Comment Mim, la belle métisse élevée à l’institution du Bon Secours de Tana, croqueuse d’hommes au regard troublant, perchée sur ses hauts talons pour mieux les manipuler, devient-elle la « terrible madame Alloume », la « Calamity Jane » du Sud de la Grande île ? C’est la vraie et horrifique vie d’une femme d’affaires malgache que nous conte avec toujours autant de drôlerie et de vivacité Emmanuel Genvrin. Personnages baroques croqués avec humour, situations cocasses, évocation sans concession de la vie sociale hiérarchisée, des pratiques culturelles et des coutumes locales, c’est une nouvelle fois l’occasion pour l’auteur amateur d’Histoire, d’évoquer la situation post-coloniale de Madagascar et son lot de frustrations. Une manière aussi de prolonger sa quête sur cet entre-deux de l’océan Indien où s’est immiscée la présence française. Agnès Antoir |
" La Subaru, Farouk s'était mis à l'aimer comme une femme, une déesse, à l'aimer follement, jusqu'à l'obsession."
Motor Gasy de Emmanuel Genvrin.
Kanyar n°3. La nuit, dans une zone industrielle sale et délabrée de La Réunion, Dinky a rendez-vous avec son cousin pour préparer une Subaru Alcyone pour un rallye. Avec cette magnifique voiture de course trafiquée, Farouk, le beau gosse zarab compte bien gagner la compétition malgré la mise en garde du mécanicien. Alors, lorsque Farouk et sa « Barbie » co-équipière ont cet accident spectaculaire, Dinky, sa femme et son fils, Malgaches sans papiers, n’ont plus qu’à prendre la fuite, « partir marrons » dans les Hauts, avec pour tout refuge leur petite Corsa. Mais Farouk et son acolyte, énorme cafre au doux nom de Minuit n’ont pas dit leur dernier mot… Sorte de road-movie policier au rythme haletant, ce récit s’inspire d’un fait divers de ces dernières années. Emmanuel Genvrin a imaginé ce qui avait pu précéder la découverte, dans les Hauts de l’île, d’une famille malgache vivant depuis longtemps cachée dans une voiture. Dans une explosion de termes techniques, il explore avec un plaisir malicieux la métaphore amoureuse de la voiture et comme dans ses autres écrits, met en scène avec un humour sans merci les rouages sociologiques et ethnologiques de la société réunionnaise. Agnès Antoir |
" Avec son embonpoint, ses cheveux décolorés et son maquillage outrancier, elle ressemblait plutôt à la divine de John Waters."
Tropic Salomé de Emmanuel Genvrin.
Kanyar n°4. Deux personnages, Mao et Irena, que tout sépare vont se rencontrer grâce à la musique et à Salomé, l’opéra de Richard Strauss donné sous les Tropiques, à Saint-Denis de La Réunion. Mao est d’une famille chinoise de commerçants enrichis, moqué par son clan, méprisé par sa belle-sœur, Wang, pour son manque d’ambition et sa passion incompréhensible pour la musique lyrique et Irena Sbovska, une diva plantureuse, trop âgée pour le rôle, fantasque, alcoolique et impudique - un vrai cyclone qui a mis sens dessus dessous le théâtre de Champ Fleuri, une Castafiore de pacotille qui a chaviré le cœur de Mao. Alors quand Mao réussit à avoir un rendez-vous avec elle, hospitalisée suite à un accident de scène, c’est acclamé par la foule et sur une marche triomphante qu’il l’emmène Ligne Paradis dans la famille Ah-Chong et demande sa main. S’ensuit une vie de délire où le baroque le dispute à la bouffonnerie et où Mao finit par devenir un mari riche mais bien encombrant… Comment alors s’en débarrasser ? Voilà le sujet d’un fait divers récent qui a défrayé la chronique réunionnaise, amplifié, déformé, raconté avec une démesure comique jouissive par un Emmanuel Genvrin, connaisseur de l’opéra qu’il pratique, au plus haut de son talent de conteur. Agnès Antoir |
" On vous attend à la sacristie."
Gran Marché de Emmanuel Genvrin.
Kanyar n°5. Loin de La Réunion, en Normandie, Manu fondateur d’une troupe théâtrale nommée Vollard, est obsédé par le cauchemar d’une bâtisse en feu et en ruines. Que signifie ce rêve récurrent ? Pourquoi s’inquiéter puisqu’après avoir créé une scène mobile au Gran Marché, sorte de halle couverte style Baltard, il doit occuper le théâtre « en dur » que la municipalité de Saint-Denis de La Réunion, construit sur l’emplacement. Mais plusieurs signes l’invitent à rentrer au plus vite dans l’île. Le théâtre Vollard est en danger. Manu et ses compagnons doivent livrer bataille aux « petits hommes gris », institutionnels qui le menacent. Cet affrontement va les transformer en artistes militants et les amener à se battre pour la liberté d’expression au moment de l’affaire du « Je vous salue, Marie » de Godard. Et son héros, malin stratège, doit donc surmonter maints obstacles et s’affirmer dans le milieu culturel et politique. Dans cette autofiction, Emmanuel Genvrin raconte avec la verve et le style enlevé qu’on lui connaît les événements qui ont contribué à façonner l’esprit libertaire et engagé de sa compagnie. Ce récit au ton persifleur servi par un sens aigu de la caricature donne lieu à des scènes d’une grande drôlerie. Comme dans ses autres œuvres, romanesques ou théâtrales, le contexte politico-social, sert de toile de fond à la nouvelle : c’est celui des dernières années 80 dans lequel l’institution religieuse ne joue pas le moindre rôle. Par ailleurs, compte tenu du caractère très autobiographique de cette nouvelle, Emmanuel Genvrin s’y dévoile davantage et nous livre quelques réflexions très intéressantes et personnelles sur la vie d’une troupe. Agnès Antoir |
" Maé mon garson zanfan kabalèr, talèr li rant le kor an san, batayèr, li bwar, fimèr zamal. Se zanfan la mon dézèspwar, demin mi mort, mi zet mon kor lo pont Vinh San."
Fridom.
Opéra. Livret d' Emmanuel Genvrin. Musique de Jean-Luc Trulès. Kanyar n°5. À Radio Fridom, la première radio libre réunionnaise créée par un docteur autrefois engagé humanitaire, Maé, belle métisse, anime l'émission de libre antenne la plus populaire. " Parlez, parlez ", dit-elle à ses auditeurs qui lui confient soucis et révoltes. Hors antenne, deux hommes se disputent l'amour de Maé : Camille, le docteur et fondateur de la radio, exalté et séduisant dans son éternel costume blanc, et Mikaël, un policier, son mari, terne et jaloux. Mais un auditeur révèle en direct que Ménéla, le plus célèbre assassin de La Réunion, condamné à la perpétuité, vient de rentrer dans son île, en liberté conditionnelle après des années de QHS en Métropole. Les auditeurs ont peur et Maé semble désemparée. Quel lien l'unit à Ménéla dont le nom résonne comme celui de l'homme trahi par sa Belle Hélène ? Comment éviter qu'une chasse à l'homme ne soit déclenchée alors sur Fridom, " radio paroles " ? Or, l'histoire commence alors que la préfecture a décidé d'interdire la radio. L'intervention de la police pour saisir les émetteurs déclenche des émeutes d'auditeurs frustrés traités de " kanyars " dont Ménéla devient le leader et héros malheureux. Opéra contemporain, dernier d'une trilogie, Fridom s'intéresse à l'histoire récente de La Réunion, les " Émeutes du Chaudron ". S'inspirant librement de l'épisode de la saisie des émetteurs de Radio Freedom et des manifestations comme celle des " casseroles " qui s'en sont suivies, comme toile de fond, Emmanuel Genvrin met en scène un condamné célèbre, le plus vieux prisonnier réunionnais, " Agamemnon ". Un tel personnage, avec un nom référant à la mythologie grecque, se prêtait à la transposition fictionnelle, avec juste quelques adaptations et une belle histoire d'amour. Et cela méritait bien un opéra ! L'auteur exploite la structure de l'opéra, alternance du choeur et des solistes, pour donner en contrepoint de l'intrigue, une interprétation - souvent poétique - d'une situation sociale complexe. Un livret d'opéra donc, peu traditionnel et bien ancré, comme les pièces de théâtre du même auteur, dans la réalité réunionnaise. Agnès Antoir |