Olivier Appollodorus, dit Appollo, a publié Le Prophète et la Miss de l'Equateur, un récit, dans Kanyar n°1 et les nouvelles La désolation, Les cendres et Les petits événements respectivement dans Kanyar n°2 , Kanyar n°4 et Kanyar n°5.
Il est scénariste — « surdoué » (Les Inrockuptibles) — de nombreuses bandes dessinées. Il a reçu le prix Jacques Lob 2013 pour l’ensemble de son œuvre qui compte, entre autres, La grippe coloniale (dessins Huo-Chao-Si, deux tomes : Le Retour d’Ulysse, prix de la Critique en 2004 et Cyclone la Peste, Vents d’Ouest), Biotope (dessins Brüno, deux tomes, Dargaud), Île Bourbon-1730 (dessins Trondheim, Delcourt), Pauline (et les loups-garous), Une Vie sans Barjot (dessins Stéphane Oiry, Futuropolis), Les Voleurs de Carthage (deux tomes, dessins Tanquerelle, Dargaud) et Chroniques du Léopard (dessins Tehem, Dargaud).
" Quand je me réveille en pleine nuit, au milieu des oignons, en équilibre instable sur le toit du canot qui file imperturbable, sur l'eau, je ne sais plus où je suis."
Le prophète et la Miss de l'Équateur de Olivier Appollodorus.
Kanyar n°1. Ce couple insolite du Prophète et de miss Equateur embarque à Kinshasa avec le narrateur pour la remontée du fleuve Congo. Et nous voilà partis dans un récit de voyage plein de drôlerie, sur fond politique et culturel. L’observation acérée de la vie grouillante de l’Afrique alterne avec les propos cocasses du prophète et se heurte aux références livresques et cinématographiques du voyageur. Appollo passe là avec aisance du scénario de BD au récit court et on embarquerait volontiers pour un roman. Agnès Antoir |
"Partir aux Kerguelen lui a semblé l'idée la plus magnifiquement romantique qu'il ait jamais eue."
La désolation de Olivier Appollodorus.
Kanyar n°2. Jean-Philippe Évariste Hoarau a quitté La Réunion pour fuir le conformisme de sa vie avec Amandine. Un rêve d’enfance, ce voyage dans les Terres australes et antarctiques françaises, une source d’inspiration pour ce nouveau Parny en quête d’émotions pures et violentes. Tout a bien commencé malgré la présence dérangeante d’autres touristes à la recherche des mêmes émotions mais peu à peu c’est dans un véritable cauchemar qu’il s’enfonce. « Qui sont ces gens ? », c’est la question angoissante qui assaille le héros, emmené par une troupe de personnages hagards et brutaux dans une marche épuisante de tourbières en étangs gelés. Olivier Appollodorus nous invite de nouveau à un voyage en bateau, au départ cette fois-ci de La Réunion sur le mythique Marion Dufresne. On pense embarquer pour un récit de voyage documenté servi par l’humour et le sens acéré de l’observation que l’on connaît de ce scénariste de BD, or, après un début léger et drôle, nous voilà entraînés, incrédules, dans une aventure singulière et oppressante. Une vraie histoire, consistante, avec suspense garanti. Agnès Antoir |
" Mais c'est très bien tous ces morts, ces villes rasées, ces montagnes qui s'écroulent, ces fleuves de lave, c'est très cinématographique."
Les cendres de Olivier Appollodorus.
Kanyar n°4. Sur l’île de La Réunion, le narrateur quitte le village de La Montagne, attiré par une voix féminine à la radio qui lance inlassablement des messages d’évacuation. Malgré le ballet incessant des hélicoptères, les explosions et le feu qui commence à gagner le village, il prend le temps de contempler une dernière fois en contre-bas, Saint-Denis désertée par ses habitants : la beauté de cette ville bientôt en cendres juste avant l’Apocalypse. Ce pourrait être la guerre mais c’est plus irrémédiable : le volcan de la Fournaise a explosé et le Piton des Neiges s’est réveillé. Les laves vont aussi descendre sur le chef-lieu et pour rien au monde notre narrateur ne voudrait manquer ce spectacle digne d’une super production américaine. Seul dans la ville, il se demande ce qui va se passer après, quand l’île sera engloutie. Où seront exilés ses habitants ? Quelle mémoire en restera-t-il ? Plutôt mourir que de survivre avec cette nostalgie... Voici un récit d’anticipation où Olivier Appollodorus signe un magnifique tableau en noir et blanc, brisé de quelques traits rouges, d’une Réunion fantastique emportée dans un cataclysme géologique. Sans abandonner son humour habituel, il y dit son amour pour cette île et ouvre un questionnement sur l’identité et le patrimoine mémoriel. Agnès Antoir |
" Philippe nota le nom dans son carnet : il faisait depuis deux ans déjà la collection des groupes armés et milices qui avaient pullulé depuis le début de la guerre."
Les petits événements.
Kanyar n°5, page 7. La Réunion est en guerre. Des factions politiques armées ont pris possession de plusieurs territoires de l’île et des affrontements entre milices ont lieu un peu partout. L’ONU a envoyé des troupes dont un détachement congolais, installé à La Redoute. Philippe, un habitant de La Montagne, quartier surplombant Saint-Denis, réalise que les vacances d’été risquent de se prolonger : délaissant l’observation de ses poules, il descend au poste militaire où il tente d’avoir des informations sur la situation insulaire mais des événements déchirent également la France et les médias rattachant l’île à l’Hexagone ne fonctionnent plus. Chargé par les milices locales de guider le capitaine Trésor Tschandu, à travers le massif de la Montagne, il part alors en mission. Sur le trajet de l’aéroport de Saint-Denis à la Grande Chaloupe, il rencontre les différents protagonistes de cette guerre dont il essaie de comprendre l’enjeu. Clin d’œil aux « Événements » de Rollin avec lequel Olivier Appollodorus entretient une complicité mêlée d’admiration, cette nouvelle d’anticipation nous entraîne cette fois encore dans une Réunion, familière et étrange, à une époque future indéterminée. Le réalisme des détails et les descriptions des paysages de La Montagne, rendent vraisemblable cette fiction politico-historique dont les références au contexte politique actuel sont très judicieusement exploitées. L’humour si caractéristique de l’auteur et son sens du détail sont un vrai bonheur. Agnès Antoir |